Betty Tchomanga
Née en 1989 en Charente-Maritime d’un père camerounais et d’une mère française, Betty Tchomanga entame sa formation artistique en 2004 au Conservatoire de Bordeaux ainsi qu’auprès d’Alain Gonotey de la Cie Lullaby. Elle se formera ensuite au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers (CNDC) en 2007 sous la direction d’Emmanuelle Huynh.Sa carrière d’interprète débute alors en 2009, elle collabore notamment avec des artistes tels qu’Emmanuelle Huynh, Alain Buffard, Raphaëlle Delaunay, Fanny de Chaillé, Gaël Sesboüé, Éléonore Didier, Anne Collod, Herman Diephuis et Nina Santes.
En 2014, sa rencontre avec Marlene Monteiro Freitas marque un tournant dans son parcours d’artiste. La richesse de cette collaboration lui permet de déployer des puissances performatives où le détail et la musicalité tiennent une place importante.
En parallèle de son parcours artistique, Betty poursuit des études littéraires à l’Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle et obtient un master 2 en lettres modernes en 2014.
En 2016, elle intègre l’Association Lola Gatt Productions Chorégraphiques implantée à Brest en tant que chorégraphe associée avec Gaël Sesboüé et Marie-Laure Caradec. La même année, elle chorégraphie et met en scène Madame, une pièce pour trois interprètes. En 2020 elle crée son premier solo Mascarades qui tourne depuis. En septembre 2022 elle crée le quatuor Leçons de Ténèbres également en tournée pour les saisons à venir.
Betty Tchomanga est artiste associée au Quartz, scène nationale de Brest et artiste accompagnée par le réseau Tremplin (2021-2024). Elle sera également artiste associée au Théâtre de la Bastille – Paris à partir de la saison 2023-2024.
Mami Wata est une déesse des eaux, figure des bas-fonds de la nuit, du pouvoir et de la sexualité. Sirène échouée, elle fait face aux gens qui sont venus la voir. Elle saute. Le saut qui la traverse est un saut vertical, régulier. Danser en latin se dit saltare, de saltus, le saut. Créer une danse de sauts comme la rémanence d’un geste ancien – peut-être universel ? – un mouvement des profondeurs de l’être humain. Sauter comme la métaphore d’un désir, d’une recherche de plaisir. Un désir de plaisir. Un désir d’autre, de l’autre, de ce qu’on ne possède pas ou de ce que l’on n’est pas.
Sauter pour exulter. Sauter pour expulser. Sauter pour endurer. Sauter pour résister. Sauter pour atteindre. Sauter pour devenir. Sauter pour mourir. Sauter pour être.
Dans Leçons de Ténèbres, quatre corps se font les porte-voix de récits oubliés ou que l’on a voulu faire disparaître. Ils sont chevauchés par des forces qui les relient, agitent leurs poitrines. Elles se gonflent et se dégonflent, donnent des coups, sont traversées par des impacts.
Ces personnes creusent, corps penchés, courbés, jusqu’à déterrer l’invisible. Elles se transforment et se métamorphosent parfois jusqu’à disparaître. Tour à tour, elles défient, témoignent, assistent, protègent, soutiennent et font apparaître des visions.
Elles ont des peurs à partager, des images à brouiller, des masques à assembler, des feux à convoquer…
Les Leçons de Ténèbres sont originellement un genre musical liturgique du XVIIème siècle qui met en musique Les Lamentations de Jérémie sur la destruction de Jérusalem. C’est également le titre d’un film réalisé par Werner Herzog en 1992 sur la mise à feu de 732 puits de pétrole par les forces irakiennes qui se retirent du Koweit. Le réalisateur y met en scène une vision d’apocalypse comme un long poème sur la fin de la Terre.
Les Leçons de Ténèbres de Betty Tchomanga convoquent des disparus, des ancêtres, des revenants. Elles parlent des ténèbres et depuis les ténèbres, pour explorer l’obscur, nos histoires cachées et enfouies.
Histoire(s) Décoloniale(s) est une série chorégraphique en plusieurs épisodes à destination des collegien·ne·s et lycéen·ne·s conçue par Betty Tchomanga.
Chaque épisode est un portrait qui prend la forme d’un cours spectaculaire au sein d’une salle de classe, porté par un·e interprète différent·e.
La série chorégraphique Histoires(s) Décoloniale(s) interroge les processus de transmission et la circulation des récits qui font l’Histoire. Comment les corps, porteurs de mémoires, relient petites et grande histoire(s) ?
Avec Histoire(s) Décoloniale(s), Betty Tchomanga poursuit un travail autour des récits et des histoires qui relient l’Occident et l’Afrique.
Comment raconter des histoires troubles, dans lesquelles il n’y a pas de morale mais une invitation à penser par empathie ? Comment transformer la colère, la violence en puissance d’agir ou de dire ?
Chaque épisode aborde l’histoire coloniale et son héritage par le prisme d’une histoire singulière, d’un corps, d’un vécu.
Comment les corps, par la danse, parviennent à raconter des histoires qui font l’Histoire ?