Flora Détraz est danseuse, chorégraphe, vocaliste et réalisatrice. Après un cursus en danse classique au conservatoire de Boulogne-Billancourt et des études littéraires et philosophiques en classe préparatoire à Paris, elle intègre la formation du centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, sous la direction de Maguy Marin. Elle rejoint ensuite le cycle de recherches chorégraphiques du Forum Dança, à Lisbonne, ville dans laquelle elle habite pendant 9 ans. Lors de son parcours, elle a l’opportunité de rencontrer des artistes telles que Meredith Monk, Marlene Monteiro Freitas, Vera Mantero, Meg Stuart ou encore Lia Rodrigues, qui inspirent sa propre pratique.
Depuis 2013, elle développe au sein de la structure PLI, des projets chorégraphiques et vocaux qui explorent les liens entre le visible et l’invisible et interrogent les convenances sociales, à travers le corps.
PEUPLEMENTS (2013), pièce pour quatre chanteuses lyriques inspirée d’une nouvelle de Samuel Beckett, révèle l’organisation d’une micro-société dans un espace réglementé. Le solo GESÄCHT (2014) questionnent les codes de la représentation, en déclinant la figure d’une cantatrice. TUTUGURI (2016) met en jeu un corps ventriloque, en proie à son propre chaos intérieur. Dans MUYTE MAKER (2018), quatre femmes aux allures de nymphes capillo-tractées interprètent avec sarcasme des chansons puisées dans le repertoire du Moyen-Age et de la Renaissance. Le trio GLOTTIS (2021), inspiré du cinéma surréaliste, met en scène des somnambules-oiseaux de nuit, saisis par des visions délirantes.
Elle travaille actuellement sur une prochaine création intitulée HURLULA (septembre 2023), diptyque composé d’un film et d’une performance-concert, autour de l’acte de crier.
En tant qu’interprète, elle a collaboré avec Marlene Monteiro Freitas, Laurent Cèbe, Cédric Cherdel, Sara Anjo et Nach.
Ce solo explore l’idée que le corps est constitué de nombreux autres corps : nous sommes tous les corps que nous avons copié, imité, admiré, aimé, haï. Le titre GESÄCHT mélange les mots allemands « gesicht » : le visage, et Gestalt : « la figure », « la forme ». Flora Détraz y incarne une sorte de cantatrice sur le retour qui joue avec les codes de la représentation : préparation, entrée sur scène, salut du pianiste imaginaire, climax lyrique, salut du public. Fortement inspirée du chanteur baryton allemand Dietrich Fisher Diskau et de ses diverses interprétations des lieder de Schubert, cette pièce est composée autour du dialogue entre la voix et le mouvement qui se répondent et se confrontent dans un duel haletant. Le corps vocal se transforme en un terrain vibrant duquel apparaissent et disparaissent différentes figures.
Ce solo est souvent présenté en dyptique avec le solo TUTUGURI. Il en existe deux versions : une version plateau avec scénographie ou dans une version in situ (musée, extérieur, plateau nu, etc…) sans scénographie.
La scénographie se compose d’un mur de tasseaux peints, suspendus, qui ondoient au gré des mouvements d’air qui traversent le plateau. Dans GESÄCHT, elle évoque l’incontournable rideau de scène rouge, avant de se transformer, dans Tutuguri en objet rituel.
TUTUGURI est un hommage au poète Antonin Artaud, et à son texte Tutuguri, le rite du soleil noir, consacré au rite du peyotl chez les Tarahumaras au Mexique.
Basé sur la dissociation entre la voix et le corps, ce solo prend la forme « danse sonore » hallucinatoire. Une femme-médium se transforme en réceptacle accueillant quantité de voix, d’êtres, d’identités et d’histoires. De ce corps ventriloque jaillit tout un éventail de sons : chant, chuchotis, bribes de conversations, bruits d’animaux, cris de nourrissons ou cliquetis d’aliens.
Les sonorités glissent et se heurtent à la gestuelle. Parfois l’audible correspond au visible, parfois, au contraire, ils se télescopent, se décalent, produisent des assemblages inattendus et déroutants. TUTUGURI, c’est un être qui aurait englouti des mondes.
Le solo TUTUGURI est souvent présenté en diptyque avec le solo GESÄCHT. Il en existe deux versions : une version plateau avec scénographie ou dans une version in situ (musée, extérieur, plateau nu, etc…) sans scénographie.
La scénographie se compose d’un mur de tasseaux peints, suspendus, qui ondoient au gré des mouvements d’air qui traversent le plateau. Dans GESÄCHT, elle évoque l’incontournable rideau de scène rouge, avant de se transformer, dans TUTUGURI en objet rituel.
Dans MUYTE MAKER, la joie est posée comme un postulat existentiel, physique et créatif. Capillo-tractées à un dispositif contraignant, entre le castelet et la machine de torture, quatre figures féminines apparaissent telles des nymphes fleuries, en perpétuelle métamorphose. En jouant sur les contradictions et les codes stéréotypés de représentations des femmes, MUYTE MAKER (« mutinerie » en ancien flamand) met en scène des corps désobéissants, irrationnels et insaisissables.
Chanter copieusement, rire en polyphonie, danser à l’aveugle, papoter en cacophonie, l’imaginaire médiéval, les chansons triviales et les tableaux grotesques se mêlent pèle- mêle dans cet étrange ballet opératique.
GLOTTIS se situe à l’intérieur d’une glotte ou au fin fond d’une grotte, dans des temps ancestraux, dans des temps futurs ou même hors du temps.
Trois individus – somnambules, aveugles visionnaires, chamanes sous hypnose – dotés de grands yeux, s’adonnent à de mystérieuses pratiques. Ils communiquent entre eux dans un langage guttural rythmique, proche du beatboxing, et semblent s’entretenir avec toutes sortes de forces invisibles. Ce trio aux inquiétantes allures de prophétie fantastique est une plongée onirique dans les méandres de la magie et de l’inconscient. Inspirée du cinéma expressionniste et surréaliste du début du XXème siècle. GLOTTIS fait l’apologie de l’occulte.
A la lisière entre la danse, la musique et le cinéma, HURLULA est un projet sur le cri, composé de deux parties : une performance qui prendra la forme d’un concert chorégraphié en trio et un film autour d’une femme-oracle sous hallucinations prophétiques.
En mélangeant les verbes hurler, manifestation paroxystique du cri et hululer qui se réfère spécifiquement aux cris des animaux de nuit, HURLULA propose une pérégrination émotionnelle dans les tréfonds du corps humain. Elle sera intimiste, extatique et lunaire. Elle sera un élan libérateur des carcans de beauté et de bienséance féminine.