Flora Détraz se forme à la danse classique et suit des études littéraires avant d’intégrer la formation du CCN de Rillieux-la-Pape, dirigée alors par Maguy Marin. Elle rejoint ensuite le cycle de recherches chorégraphiques PEPCC, au Forum Dança, à Lisbonne. Au cours de son parcours, elle a l’occasion de rencontrer entre autres, Meredith Monk, Meg Stuart, Vera Mantero, Lia Rodrigues ou encore Marlene Monteiro Freitas qui influencent sa propre recherche.
Depuis 2013, elle développe sa trajectoire artistique autour des liens entre voix et mouvement. En 2012, elle crée PEUPLEMENTS, pièce pour quatre chanteuses lyriques, inspirée d’une nouvelle de Samuel Beckett. En 2014, elle décline la figure du chanteur lyrique avec son premier solo GESÄCHT puis, en 2016, elle met en jeu un corps sonore et vibrant avec la création d’un deuxième solo TUTUGURI. En 2018, elle crée la pièce MUYTE MAKER dans laquelle quatre femmes aux allures de nymphes capillo-tractées dansent et interprètent des chansons puisées dans le répertoire du Moyen-Âge et de la Renaissance. En 2021, Flora Détraz crée le trio GLOTTIS qui met en jeu des somnambules-oiseaux de nuit, en proie à des visions délirantes. Elle travaille actuellement sur une prochaine création intitulée HURLULA, diptyque composé d’un film et d’une performance-concert, autour de l’acte de crier.
En parallèle de ses créations, elle travaille régulièrement avec la chorégraphe Marlene Monteiro Freitas.
Ce solo explore l’idée que le corps est constitué de nombreux autres corps : nous sommes tous les corps que nous avons copié, imité, admiré, aimé, haï. Le titre GESÄCHT mélange les mots allemands « gesicht » : le visage, et Gestalt : « la figure », « la forme ». Flora Détraz y incarne une sorte de cantatrice sur le retour qui joue avec les codes de la représentation : préparation, entrée sur scène, salut du pianiste imaginaire, climax lyrique, salut du public. Fortement inspirée du chanteur baryton allemand Dietrich Fisher Diskau et de ses diverses interprétations des lieder de Schubert, cette pièce est composée autour du dialogue entre la voix et le mouvement qui se répondent et se confrontent dans un duel haletant. Le corps vocal se transforme en un terrain vibrant duquel apparaissent et disparaissent différentes figures.
Ce solo est souvent présenté en dyptique avec le solo TUTUGURI. Il en existe deux versions : une version plateau avec scénographie ou dans une version in situ (musée, extérieur, plateau nu, etc…) sans scénographie.
La scénographie se compose d’un mur de tasseaux peints, suspendus, qui ondoient au gré des mouvements d’air qui traversent le plateau. Dans GESÄCHT, elle évoque l’incontournable rideau de scène rouge, avant de se transformer, dans Tutuguri en objet rituel.
TUTUGURI est un hommage au poète Antonin Artaud, et à son texte Tutuguri, le rite du soleil noir, consacré au rite du peyotl chez les Tarahumaras au Mexique.
Basé sur la dissociation entre la voix et le corps, ce solo prend la forme « danse sonore » hallucinatoire. Une femme-médium se transforme en réceptacle accueillant quantité de voix, d’êtres, d’identités et d’histoires. De ce corps ventriloque jaillit tout un éventail de sons : chant, chuchotis, bribes de conversations, bruits d’animaux, cris de nourrissons ou cliquetis d’aliens.
Les sonorités glissent et se heurtent à la gestuelle. Parfois l’audible correspond au visible, parfois, au contraire, ils se télescopent, se décalent, produisent des assemblages inattendus et déroutants. TUTUGURI, c’est un être qui aurait englouti des mondes.
Le solo TUTUGURI est souvent présenté en diptyque avec le solo GESÄCHT. Il en existe deux versions : une version plateau avec scénographie ou dans une version in situ (musée, extérieur, plateau nu, etc…) sans scénographie.
La scénographie se compose d’un mur de tasseaux peints, suspendus, qui ondoient au gré des mouvements d’air qui traversent le plateau. Dans GESÄCHT, elle évoque l’incontournable rideau de scène rouge, avant de se transformer, dans TUTUGURI en objet rituel.
Dans MUYTE MAKER, la joie est posée comme un postulat existentiel, physique et créatif. Capillo-tractées à un dispositif contraignant, entre le castelet et la machine de torture, quatre figures féminines apparaissent telles des nymphes fleuries, en perpétuelle métamorphose. En jouant sur les contradictions et les codes stéréotypés de représentations des femmes, MUYTE MAKER (« mutinerie » en ancien flamand) met en scène des corps désobéissants, irrationnels et insaisissables.
Chanter copieusement, rire en polyphonie, danser à l’aveugle, papoter en cacophonie, l’imaginaire médiéval, les chansons triviales et les tableaux grotesques se mêlent pèle- mêle dans cet étrange ballet opératique.
GLOTTIS se situe à l’intérieur d’une glotte ou au fin fond d’une grotte, dans des temps ancestraux, dans des temps futurs ou même hors du temps.
Trois individus – somnambules, aveugles visionnaires, chamanes sous hypnose – dotés de grands yeux, s’adonnent à de mystérieuses pratiques. Ils communiquent entre eux dans un langage guttural rythmique, proche du beatboxing, et semblent s’entretenir avec toutes sortes de forces invisibles. Ce trio aux inquiétantes allures de prophétie fantastique est une plongée onirique dans les méandres de la magie et de l’inconscient. Inspirée du cinéma expressionniste et surréaliste du début du XXème siècle. GLOTTIS fait l’apologie de l’occulte.
A la lisière entre la danse, la musique et le cinéma, HURLULA est un projet sur le cri, composé de deux parties : une performance qui prendra la forme d’un concert chorégraphié en trio et un film autour d’une femme-oracle sous hallucinations prophétiques.
En mélangeant les verbes hurler, manifestation paroxystique du cri et hululer qui se réfère spécifiquement aux cris des animaux de nuit, HURLULA propose une pérégrination émotionnelle dans les tréfonds du corps humain. Elle sera intimiste, extatique et lunaire. Elle sera un élan libérateur des carcans de beauté et de bienséance féminine.